Entre chaines d’info en continu et Mensonges de vie…
Depuis quelques semaines maintenant, le mot CORONAVIRUS est dans toutes les bouches, sur toutes les chaines… et les enfants aussi, quel que soit leur âge, s’y sont familiarisés ! Mais depuis la fermeture des crèches et des écoles et l’ordonnance de confinement à domicile, leur monde – comme celui des adultes -, a basculé.
Comment le leur expliquer ? Comment trouver les bons mots sans les angoisser davantage ?
On appellera Mensonges de vie, non pas les petits mensonges nécessaires, ni les pieux mensonges (le mensonge pour ne pas faire trop de mal, ne pas faire trop de peine), mais les grands Mensonges fondamentaux qui mentent à l’enfant sur ce qu’est réellement la vie humaine. Par exemple, c’est dire à un enfant que quand il grandira il sera nécessairement heureux, ou qu’il ne travaillera pas parce qu’il sera riche, ou que la mort n’existe pas, ou encore que les adultes sont toujours honnêtes et gentils…
Dans l’état actuel de l’épidémie de Covid-19, nous adultes nous devons de ne pas mentir aux plus jeunes, c’est-à-dire ne pas dénier l’importance de l’épidémie, la gravité de la situation et l’inquiétude de l’immense majorité des adultes.
Il nous faut, en trouvant les mots adaptés, leur expliquer « ce qu’est un virus ou une bactérie – méchant invisible qui peut nous rendre malade -, la façon dont il se transmet et surtout les méthodes de protection et gestes adaptés pour en éviter la propagation. Qu’en restant à la maison et à distance des autres, il n’y a pas de danger. Qu’il faut éviter que le virus courre en toute liberté et contamine de plus en plus de gens pour que les docteurs puissent continuer de soigner tout le monde. Et que c’est pourquoi les écoles sont fermées et que nous n’avons pas le droit de sortir. C’est de cette façon seulement, tous ensemble, qu’on ralentira l’épidémie et qu’on finira par vaincre le virus ».
La connaissance est un bon remède à l’anxiété
Expliquer donc, sans angoisser, avec les mots appropriés à chaque âge, qu’il s’agit d’une situation exceptionnelle, inédite, mais temporaire ; que les adultes aussi sont presque tous inquiets, que la peur existe et qu’elle est justifiée, mais qu’il y a des mesures qui permettent de contenir et de résoudre à terme cette épidémie. Expliquer, sans inquiéter l’enfant, que la situation est sérieuse mais que l’espoir est là.
Pour les plus de 3 ans, pourquoi pas, montrer quelques minutes d’informations télévisées pour marquer la réalité, montrer que ça existe, qu’on en parle à la télé, les gens, les masques, les gants, etc. Mais ne surtout pas mettre l’enfant devant les chaines d’info en continu ou devant le 20h, ce qui aurait un effet au contraire très anxiogène. L’enfant, d’autant plus qu’il est jeune, n’a pas les capacités psychiques et intellectuelles de gérer l’angoisse et la menace, nous devons donc impérativement lui maintenir un espace psychique protégé qui est celui non pas de la réalité, mais celui du jeu et de la rêverie.
En revanche, chez le plus jeune enfant, il n’y a pas ou peu de distinction entre l’intérieur et l’extérieur, entre l’imaginaire et la réalité, entre le soi et le non-soi. Dans ce cas, c’est plutôt l’anxiété des adultes, perçue et ressentie par différents petits radars, qui génère de l’anxiété chez l’enfant. Et bien souvent, expliquer à son enfant son propre stress d’adulte, ses inquiétudes, avec amour et prévenance, suffit à déstresser l’enfant en se détressant soi-même.